* JANVIER l5q3.                                  323
Estats, comme il me dit lui - mesme, mais pour deman­der le commerce; et que les Estats estoient bons pouç Paris mais non pour Orleans, pour cc que les guespis estoient plus fins qne les Parisiens catholiques, à l'es-preuve tant qu'on vouldra, mais qui ne vouloient point toutefois manger du pain d'avoine.
Ce jour, fust fait commandement à Rinssans de vider la ville de Paris, non obstant les remonstrances de mes­sieurs les Seize; et lui fut baillée sa maison pour pri­son. Dont les prédicateurs de Paris crièrent et se for-malizerent.
Le samedi a3 janvier, le curé de Saint-Jacques cou-telassa ung pauvre garson demeurant à Paris, qu'on tenoit pour un idiot et innocent; et en voici la raison et vraie histoire. Le curé trouva ce jour ce pauvre gar­son qui balaiioit devant la porte de son eglise, auquel il demanda tout en colère qui le faisoit si hardi d'y balaier sans son commandement? «Mon petit pere (va « respondre l'autre en ces termes), je balaie le dehors; «;et Dieu, s'il lui plaist, balaiera le dedans. Dieu refor-« mera son Eglise par les petits. » Sur quoi le curé lui aiant donné deux souflets, ce pauvre garson en se re-venchant lui donna sur Ie bras d'une pelle qu'il tenoit. Alors ledit curé, comme furieux, courust querir son Coustelas; et en aiaiit donné quelques coups à ce pauvre fol ( qui toutesfois lui avoit parlé en sage), le blessa si bien qu'on le tinst long temps pour mort. Dequoi le duc de Maienne adverti dit que c'estoit la troisiesme fois qu'il avoit receu plainte de semblables folies que ledit curé avoit faites, et qu'il meritoit bien d'en estre chastié; mais que le temps n'i estoit pas.
Les deux tiers de sa paroisse n'assistoient plus à sa
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